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L’architecture, une oeuvre d’art ?

 

Architectes : Lateral arquitectura & diseño,

Cristián Fernández Arquitectos

 

Année de réalisation : 2008

Fonction : Centre culturel

Tout nous rappelle ici la massivité, l’épaisseur de la matière, un peu comme si on rentrait dans les entrailles de quelque chose d’énorme.

Centre culturel Gabriela Mistral, Santiago. Bâtiment recouvert de Corten perforé qui, à première vue, ne nous enthousiasmait pas... Cependant à l’intérieur, nous restons subjugués par l’escalier central…

 

« Ce qui fait la force de cet endroit c’est cette grande spirale qui se déroule et qui anime complètement l’espace. Pour moi c’est une œuvre d’art parce que cet escalier est stupéfiant de perfection dans son travail sur la forme et sur l’épaisseur de la matière.

On est sur une pièce de métal, où il y a tout un travail de  qui donnent l’impression qu’on est face à une pièce de métal massive de 30 cm d’épaisseur. On le voit bien d’ailleurs sur les : il y a une tôle d’habillage qui revient et qui forme le retour, ce qui renforce cet effet d’épaisseur, comme si tout était métal plein. Le travail d’assemblage fait qu’à aucun moment on ne voit de jour, c’est ce qui nous donne cette impression de massivité. C’est réellement une prouesse technique. Du fait de la courbe, il y a un peu cette contradiction de grande massivité et de grande légèreté de la matière.

Ce qui aussi intéressant, c’est qu’il y a plein de petits détails dans les abords qui nous rappellent ce travail de l’épaisseur. Le mur est habillé de panneaux de bois et à chaque fois le bois se retourne, il est parfaitement biseauté dans les angles ; du coup on a l’impression qu’on est dans un mur en bois plein, massif, qui fait 1m d’épaisseur ; il y a ce petit jeu de rythmes, de baie vitrée fixe qui sépare la partie cafétéria de l’espace de circulation. Tout nous rappelle ici la massivité, l’épaisseur de la matière, un peu comme si on rentrait dans les entrailles de quelque chose d’énorme. C’est une bonne mise en bouche et on sent tout de suite qu’on est dans quelque chose qui a de l’importance.

- Et le retournement du bois le long du plafond ?

- C’est une casquette qui fait un retournement, avec un joint creux. Ça permet surtout de guider de manière inconsciente les gens, ça va pousser les gens à s’éloigner de la rampe, à longer le mur et à se diriger directement vers le point information. C’est une signalétique implicite assez subtile qui marche bien.

 

A côté de ça on a quelques petits ratés. D’abord la hauteur sous plafond est un peu limite, on se sent un peu écrasé et du coup on n’est pas à l’échelle du lieu. C’est plutôt un gros raté même, mais je pense que ça vient d’une contrainte technique, ils n’ont pas dû pouvoir monter aussi haut qu’ils l’auraient voulu. Peut-être que l’espace d’accueil est ainsi devenu le parent pauvre du bâtiment….

 

Là où on se dit que c’est un peu étrange, c’est qu’on a l’impression qu’ils ont tout mis dans cet escalier au détriment des autres espaces. Le reste flotte un peu, il y a quelques boutiques indépendantes… Mais c’est peut-être le problème des centres culturels, c’est qu’il y a plein d’entités un peu indépendantes ; on est dans un semi-espace public, par conséquent on a un peu ce sentiment de centre commercial et de rue intérieure, mais qui manquerait d’animation. On aurait eu envie que cet escalier, cette œuvre magnifique, soit là pour autre chose que simplement faire circuler rapidement les personnes d’un étage à l’autre…

Ce que je trouve un peu dommage dans ce centre, de manière générale, c’est que cet espace, qui a été conçu pour être très épuré a été finalement parasité par  qui le diminuent ; il y a notamment plein d’affiches, de kakémonos, d’équipements incendie ; les lampes ont laissé des traces noires sur le plafond en chauffant parce qu’elles étaient sûrement un peu trop proches du plafond, mais comme le plafond était bas ils ont été obligés de faire comme ça.

Les équipements de sécurité incendie sont pas très bien intégrés, il y a du rouge partout. Et puis ce point d’information qui est complètement nu, on se demande si c’est vraiment un point d’information. Ils ont rajouté un petit radiant au-dessus parce que la pauvre dame devait se les peler à juste titre dans ce grand espace, tout cela montre qu’il a manqué un peu de concertation dans « comment est-ce qu’on arrive à créer un lieu rassembleur ? ».
Autre chose, tu vois, quand on est rentré, on ne savait pas où aller. C’était confus, pas intuitif.

 

- Oui, on ne savait pas trop ce que c’était déjà… on ne savait pas trop ce qu’il y avait dedans… La seule chose qui était fléchée c’était le bar, la cafét…
- Oui, il y a quelques poteaux qui articulent l’espace, qui sont posés ça-et-là, et tout le reste est vide en fait. Il y a des sièges posés sur les côtés, mais on a l’impression que tout est là parce qu’on cherche désespérément à remplir cet espace vide. Il y a de l’espace mais il n’y as pas de sentiment d’espace.

 

- La preuve flagrante qu’il a manqué de concertation, c’est qu’à l’entrée du bâtiment on trouve un gardien assis sur une . C’est rien du tout d’ajouter dans un cahier des charges une loge pour un gardien, et ce qui est marrant c’est que c’est toujours ça qui est oublié. Parce qu’on ne sait pas exactement comment le bâtiment va être exploité, et qu’à un moment dans le processus de conception personne n’a fait l’effort de se reposer la question… Mais c’est assez terrible parce que ça se termine comme ça, et que c’est la première image qu’on a à l’entrée du bâtiment…

 
 
larchicolin
Colin Verney
larchicolin@gmail.com

Architecte en itinérance autour du monde, à la recherche de petites perles laissées par ses confrères.

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